Paysages


Paysages de Mer


Nature Morte

 

Remarques personnelles

Je devais avoir à peu près dix ans. Les vacances de Pâques étaient terminées et nous avions quitté la campagne pour rentrer dans notre appartement à Paris. J'ouvris lentement la porte de ma chambre et la porte fenêtre du balcon qui donnait sur le jardin. Alors l'émotion me submergea. A mes pieds je voyais les marronniers entièrement verts, brillants, animés par le vent.
J'étais ébloui par ce spectacle, par ces points vert et jaune tremblant dans la lumière. Je pense qu'à ce moment et en ce lieu ma vocation de peintre est née.
Plus tard, j'ai toujours trouvé mon inspiration dans les changements toujours renouvelés de la nature.
En me promenant dans la campagne, je plantais mon chevalet à côté de routes et de sentiers. En été, en regardant les immenses champs de blé ondulant comme la mer. En hiver, sous le ciel couvert qui annonce la neige. En automne observant les harmonies de rouille et de jaune qui semblent toujours s'imposer à moi.
Témoignant des transformations nombreuses et incessantes de l'univers, j'étais rempli d'une joie intérieure, fasciné, naïf tous mes sens en éveil.
Je n'aime pas les surfaces planes et uniformes. Ma recherche se porte sur les couleurs qui grâce à leur superposition créent un sentiment de vie, un tumulte plein de résonances.
Un tableau qui, dans son essence, représente une proportion de formes et de couleurs doit, pour imposer sa force et sa vigueur, doit être dominé par une harmonie majeure.
Bien que le sentiment suivant soit paradoxal, on pourrait dire que moins il y a de couleurs, meilleur est le tableau.
La multitude de petites tâches de couleur, la pigmentation, les points, les virgules et les fondus ne doivent pas diminuer l'intensité de l'ensemble.
Il faut apprendre à limiter les harmonies de sa palette pour s'exprimer avec force. Mais par dessus tout un tableau, pour moi, c'est la traduction du choc ressenti à l'origine de la conception du tableau.

 

©2006 Robert Lavergne